L’arbre à pain à La Grand-Combe

La « castagne », c’est bien sûr le nom du « marron » ou du coup de poing que les élèves des écoles communales se « distribuaient gratuitement » et sans haine, juste histoire de moucher ceux qui les avaient copieusement insultés. Mais c’est aussi le nom cévenol de la châtaigne que « distribuent gracieusement » les innombrables châtaigniers de la Grand-Combe et ses alentours.

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Si la devise de la ville – mans negros pan blanc – rappelle encore la primauté du pain dans la survie des hommes, savez-vous ce qu’est un arbre à pain en Cévennes ?

L’arbre à pain

Le châtaignier, aussi nommé « l’arbre de vie » ou « l’arbre à pain » a permis pendant des siècles à des générations de cévenols de survivre.

Une très longue histoire

L’omniprésence du châtaignier dans le temps et l’espace cévenols donne à cet arbre une place privilégiée dans l’histoire de ce pays. La châtaigneraie cévenole (Gard et Lozère) a couvert environ 40 000 ha.

La présence en Cévennes d’un châtaignier à l’ère tertiaire est attestée par des traces fossiles diverses, cependant sa survie, au cours des glaciations du quaternaire, n’est pas certaine. Les analyses polliniques montrent qu’il est bien présent à l’époque gallo-romaine.

Sa première extension date du Moyen Age (du Xe au XIIIe siècle). Elle est consécutive à une expansion démographique sur un territoire au potentiel céréalier insuffisant. Il s’agit essentiellement d’une châtaigneraie fruitière, plantée, greffée et cultivée, destinée à compenser le manque de grain et nourrir les hommes. Avec la forte croissance démographique du XVIe siècle, le châtaignier est intensément planté partout où le sol et le climat l’ont permis, il devient le « maître des terroirs ».

L’arbre d’une civilisation

Sur presque un millénaire le châtaignier a dominé la vie des Cévennes, tout de lui a abondamment été utilisé par les hommes pour qui il fut longtemps la première ressource.
On a pu parler d’une véritable civilisation du châtaignier. Fruits, bois, feuilles. tout de cet arbre a été abondamment utilisé. L’homme en a tiré l’essentiel de sa subsistance, il en mangeait chaque jour sous la forme d’une soupe appelée bajanat.
Il en a aussi nourri ses animaux et notamment les porcs. On l’a ainsi parfois appelé « l’arbre à saucisses ».

Le déclin et la relance

Avec l’exode rural et les maladies, la châtaigneraie abandonnée a périclité.
Deux maladies ont constitué un réel problème et ont entraîné le déclin de l’arbre au XXe siècle : la maladie de l’encre et le chancre de l’écorce.

Mais le châtaignier n’a pas dit son dernier mot. Une relance de sa culture fruitière engagée voici une trentaine d’années, et plus récemment une prise en compte du châtaignier par les forestiers, pourraient aboutir à sa réhabilitation dans les zones qui lui sont le plus favorables.

Un arbre emblématique

Le châtaignier reste avec le protestantisme le marqueur identitaire majeur des vallées cévenoles. Véritable ciment du pays il en est devenu le symbole : bois des berceaux comme celui des cercueils, bajanas nourricières, afachadas autour desquelles s’organisait la veillée, cachette pratiquée dans un tronc creux, châtaigneraies du « Désert » comme du « Maquis » où dans la clandestinité, s’est retrouvée une communauté meurtrie.

Témoin intime et participant de l’histoire des hommes, ce châtaignier là est bien celui de la « cévenolité », à lui seul il en porte l’essentiel de mémoire et d’identité.

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Source 1 : Cévennes tourisme
Source 2 : Peyremale.free.fr, par vr2909, le 09.01.2010 | 15:31
Reblogué par : Mas de la Regordane, le 31.10.2017

2 réflexions sur “L’arbre à pain à La Grand-Combe

  1. Des châtaignes à la Grand-Combe? Oh oui, à l’école primaire de la Villa Béchard, tout comme à la Publique de la rue Emile Zola, il y en avait des châtaignes. Autant de coups de poing que l’on recevait ou distribuait gratuitement, pour un rien, une fâcherie de gosse vite oubliée, mais sans haine, ni racisme, ces deux mots étant inconnus au vocabulaire des jeunes que nous étions.

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